Covid-19 : pas de rôle des animaux domestiques dans la transmission du virus à l’Homme
Interrogée sur la transmission potentielle de la maladie Covid-19 par l’intermédiaire des animaux domestiques, l’Anses a réuni en urgence un groupe d’experts spécialisés pour répondre à cette question et a rendu un premier avis le 9 mars dernier. Des premiers résultats d’enquête sur l’infection éventuelle des animaux de compagnie dans les foyers de Covid-19 ou sur les modèles d’inoculations expérimentales de certaines espèces d’animaux domestiques acquis récemment conduisent l’Agence à actualiser son expertise. Des cas sporadiques de contamination d’animaux domestiques ont notamment été décrits et des infections expérimentales ont permis de démontrer la réceptivité de quelques espèces animales au virus (furet, hamster et dans une moindre mesure le chat). En prenant en compte ces nouveaux éléments, l’Anses considère néanmoins qu’il n'existe actuellement aucune preuve scientifique montrant que les animaux domestiques (animaux d’élevage et de compagnie) jouent un rôle épidémiologique dans la diffusion du SARS-CoV-2.
Depuis son émergence en décembre 2019 en Chine, les connaissances acquises sur le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la maladie Covid-19, montrent que la voie principale de transmission du virus est interhumaine, par contact entre les personnes ou à travers l’inhalation de gouttelettes infectieuses émises lors d’éternuements ou de toux.
Néanmoins, comme la structure génétique du virus indique une source originelle animale probable, l’Anses a été interrogée sur le rôle potentiel des animaux domestiques dans la transmission du virus. Suite à la mobilisation en urgence de son groupe d’experts spécialisés, l’Agence a produit un premier avis sur le sujet le 9 mars 2020 (PDF), complété le 15 avril 2020 à la lumière des nouvelles connaissances scientifiques disponibles.
Concernant une éventuelle transmission du virus par des animaux domestiques (animaux d’élevage et de compagnie), les conclusions du groupe d’experts indiquent que :
Les résultats des premières infections animales expérimentales publiées depuis le 9 mars montrent que :
- les porcs et les volailles (poulets et canards) ne sont pas réceptifs au SARS-CoV-2, dans les conditions des deux essais conduits en Chine et en Allemagne ;
- les chiens s’avèrent peu réceptifs au virus dans les conditions expérimentales de l’unique étude publiée par des chercheurs chinois ;
- les jeunes chats sont réceptifs au virus, sur la base des résultats de l’unique essai expérimental disponible. Cet essai a identifié des lésions au niveau de l’appareil respiratoire consécutives à l’infection chez un jeune chat infecté et la transmission du virus à un des chats contacts (chat évoluant dans la même enceinte mais sans contact direct avec le chat infecté) ;
- le furet, dans les trois études expérimentales publiées, est réceptif au virus et développe des signes cliniques et des lésions au niveau de l’appareil respiratoire consécutives à l’infection, ainsi qu’une transmission avérée du virus aux furets contacts. Il en va de même pour le hamster.
De rares cas de contamination et/ou d’infection naturelle des animaux de compagnie par le SARS-CoV-2, suite à des contacts étroits avec leurs propriétaires eux-mêmes atteints du Covid-19, ont été rapportés. Ces cas restent sporadiques et isolés au regard de la forte circulation du virus chez l’Homme et de l’ampleur de la pandémie actuelle.
En conclusion, dans le contexte actuel et au vu des informations disponibles, l’Anses considère qu’il n'existe actuellement aucune preuve que les animaux domestiques (animaux d’élevage et de compagnie) jouent un rôle épidémiologique dans la diffusion du SARS-CoV-2. De plus, aucun cas de contamination de l’Homme par un animal de compagnie n’a été à ce jour rapporté.
Néanmoins, l’Anses rappelle la nécessité de préserver les animaux de compagnie d’un contact étroit avec les personnes malades et d’appliquer les mesures d’hygiène de base lors du contact avec un animal domestique en se lavant les mains avant et après l’avoir caressé, après le changement de sa litière, et d’appliquer les « gestes barrière » dans toute situation.
Premier cas de chat porteur du Covid-19 en France : pas de remise en cause des conclusions de l’Agence.
4 cas de chats porteurs du Covid-19 avaient déjà été détectés depuis le début de la pandémie : un cas à Hong Kong, un cas en Belgique et deux cas à New York.
À la suite d’une étude scientifique portée par l’unité mixte de recherche en virologie EnvA (École nationale vétérinaire d’Alfort) – Laboratoire de santé animale de l’Anses – Inrae (Institut national de la recherche agronomique), le premier chat porteur du SRAS-COV2 en France (près de Paris) vient d’être signalé. Les vétérinaires praticiens d'Ile-de-France avaient en effet été invités à transmettre des prélèvements de chats suspects (chat en contact étroit avec une personne atteinte du COVID-19 ou chat présentant des symptômes respiratoires aigus). Ce chat, malade puis guéri, présentait des signes cliniques respiratoires et digestifs. Il aurait été infecté par ses propriétaires, eux-mêmes porteurs du virus.
Ce nouveau cas ne remet pas en cause les conclusions émises par l’Agence :
- l’Homme peut, dans de très rares cas, transmettre le SRAS-COV2 à certains animaux domestiques réceptifs au virus, comme les chats, les furets ou encore les hamsters ;
- à l’inverse, les animaux domestiques ne peuvent pas transmettre le virus à l’Homme. Ils sont ce qu’on appelle des « culs-de-sac épidémiologiques ».
Pour limiter les risques de contamination de l’Homme à l’animal, l’Agence recommande néanmoins :
- d’éviter tout contact étroit avec son animal lorsque l’on est porteur du virus ;
- de se laver les mains avant et après avoir caressé son animal ;
- de se laver les mains après le changement de la litière.
Pour en savoir plus sur ce premier cas de chat infecté en France :